Comment la crise assure le spectacle
(Texte initialement publié sur Une/Deux)
Selon toute vraisemblance, Cristiano Ronaldo va s'engager avec le Real Madrid, d'ici au 30 juin, pour une indemnité de transfert de l'ordre de 94 millions d'euros. Un montant presque irréel. Plus tôt dans la semaine, le club du roi d'Espagne avait annoncé le transfert du Brésilien Kaka en provenance du Milan AC pour 65 millions d'euros.
Ce n'est pas tout : les négociations continuent concernant l'arrivée de Franck Ribéry, pour lequel le Bayern Munich demandait récemment 60 millions, et de David Villa en provenance de Valence, pour 38 millions. Difficile de dire si le Français et l'Espagnol rejoindront tous deux le Real cet été : Florentino Perez, fraîchement élu, avait annoncé une enveloppe d'environ 200 millions d'euros, ce qui semble n'autoriser qu'un seul des deux transferts.
Le cas du Bayern est en effet particulier : le club allemand n'a pas besoin de vendre Ribéry, si bien que Florentino Perez semble devoir renoncer à ce troisième recrutement. Mais l'ailier de l'équipe de France a envie de jouer au Real. Zinedine Zidane s'est chargé de le convaincre, et on l'imagine mal rester en Bavière contre son gré. Et pour le club lui-même, dette ou pas, difficile de refuser une plus-value de près de 40 millions d'euros…
Du reste, quel est le point commun entre le Milan AC, Manchester United et le FC Valence ? La dette. Plus de 300 millions d'euros pour le grand Milan, près de 800 pour les Red Devils, et 450 pour un club valencian au bord de la faillite. Des chiffres auxquels il est difficile de faire face en période de vaches maigres. Ainsi, le Real ne recrute pas malgré la crise, mais bien grâce à elle !
C'est donc pendant l'année la plus noire au plan économique depuis la Grande dépression qu'aura été menée la campagne de recrutement la plus coûteuse et la plus ambitieuse de l'histoire du foot-business. Et si une partie des sommes dépensées par le Real viendra éponger la dette qui plombe les finances du Milan, de United ou de Valence, cette injection d'argent frais devrait sans doute contribuer à lancer un mercato paralysé par la crise : de proche en proche, les transferts devraient se succéder pour combler le vide laissé par les joueurs partis au Real, puis à Manchester, Milan, Valence, etc.
Les spectateurs ne peuvent que s'en réjouir : la saison à venir promet des effectifs renouvelés et des chocs mémorables. Et selon toute vraisemblance, la crise aura au moins contribué à bousculer l'hégémonie des clubs anglais sur la scène européenne, pour autant que le Real atteigne ses objectifs et que le Barça parvienne à maintenir son niveau de qualité de jeu. Voilà qui devrait pimenter la Ligue des champions 2009/2010. Et nous consoler un peu du décrochage économique de la Ligue 1…